Taip, au premier abord, attise la curiosité de par son nom, à la fois bancal, pour un français, ne sachant que choisir entre un « tèpe », un « teype », ou encore un « taïp », mais aussi assez évocateur. Si l’on a l’audace de creuser un peu. En effet, le mot « taip » mêle en fait deux points clés qui caractérisent le plugin : « tape », pour bande, et « AI », pour intelligence artificielle… À défaut d’être facile à prononcer, le nom trouvé par Baby Audio a du sens.
Car, comme l’annoncent les développeurs, avec Taip, il est bien question de traitement dit intelligent. Sans dévoiler les secrets de l’algorithme qui sous-tend le logiciel, Baby Audio décrit un traitement imitant avec brio ce que l’on peut obtenir en passant un signal sonore dans un magnétophone à bande à l’ancienne. Le tout saupoudré, ça et la, de modernité. C’est en tout cas ce que raconte la fiche technique du plugin.
Sonically, TAIP offers a faithful, AI-based, emulation of a 1971 European tape machine. Our plugin will add the same harmonic richness and non-linear magic as the hardware. But feature-wise, we’ve taken the liberty to go one step further: TAIP comes packaged with a set of innovative sound-design parameters that let you go from just ‘tape’ to ‘beyond tape’.
Inutile de dire que le tableau paraît alléchant sur le papier. Curieux que je suis, j’ai donc voulu vérifier ce dont est capable Taip dans la pratique. Notamment, si ses capacités en I.A. lui permettent de se démarquer des nombreuses autres alternatives de plugins de saturation à bande. Parce qu’il y en a, des alternatives. D’ailleurs, ça vaudrait bien un article dédié pour vous présenter les meilleurs de ces plugins de tape-machine. Mais ne perdons pas le fil, focus sur Baby Audio Taip pour aujourd’hui !

Taip et sa bande : présentation
Taip se présente à l’écran sous la forme d’un magnétophone, avec, comme ce qu’il veut émuler, des possibilités variées offertes en termes de saturation, de compression et même de dégradation du signal audio. Il offre l’accès aux paramètres suivants dans sa partie haute :
- Drive : voilà le réglage le plus important du plugin. Il permet de jauger le niveau de saturation avec ou sans auto-gain
- Mix : réglage que l’on a l’habitude de voir désormais sur tout plugin audio. Il est l’ami de ceux et celles qui veulent mélanger le signal traité avec le signal non traité par le plugin
- Output : le niveau de sortie, tout simplement

Dans la partie basse, on retrouve les réglages suivants :
- Noise : gère le niveau de bruit typique de bande magnétique
- Wear : ajoute de l’instabilité au signal, avec cet effet de ralentissement et accélération du son, classique des magnétophones à bande
- Glue : compresse plus ou moins le signal
- Presence : remonte les fréquences du haut du spectre, perdues généralement lors du passage dans un magnétophone à bande
- Hi-shape et Lo-shape : concentre la saturation sur le haut ou le bas du spectre
- Input : le niveau d’entrée avec deux choix, « normal » ou « hot ».
- Model : en mode single, le signal ne passe qu’une fois dans le magnétophone, en mode dual, il passe dans deux magnétophones en série
Enfin, dans la barre supérieure, vous avez la possibilité de changer la couleur du plugin, avec 3 possibilités : noir, gris, blanc.

Mais c’est aussi tout en haut de l’interface que vous retrouvez tous les presets du plugin, avec des boutons d’importation et de sauvegarde des presets, et tout à droite, un bouton de remise à zéro du plugin (tous les paramètres reviennent à leur position par défaut).
Ergonomie et son
Interface : y a mieux
Lorsque l’on ouvre le plugin Taip, difficile d’être pris au dépourvu. Tout est clair, les paramètres sont accessibles facilement, ils ont chacun leur place et leur intitulé. Un point non négligeable : la fenêtre peut être redimensionnée très simplement en tirant le coin inférieur droit. Ce genre de détail est très appréciable pour permettre au plugin de s’adapter à tous les écrans, mais aussi, et surtout à toutes les vues.

Autre détail que j’affectionne grandement lors de l’édition des paramètres de plugins audio : la possibilité d’entrer une valeur au clavier (fonctionnalité présente sur le plugin Bad Channel, par exemple, testé dans nos colonnes). Malheureusement, on ne peut pas en profiter sur Taip. Il faut tout régler à la souris et c’est bien dommage. Espérons qu’une mise à jour future du logiciel corrige le tir à ce sujet.
Notez que l’on peut tout de même régler chaque paramètre finement en gardant la touche « cmd » appuyée sur Mac tout en bougeant le curseur de la souris.
Enfin, si j’ai pu apprécier la grande quantité de presets fournis de base dans Taip (135 au total), je me suis moins senti à l’aise pour naviguer dans le menu dédié. En effet, les presets sont simplement listés les uns sous les autres. J’aurais aimé pouvoir les afficher rangés par dossier, par tag, ou disposer d’une fonction de recherche textuelle pour trouver plus aisément le bon pré-réglage.

Audio : y a pas mieux
Venons-en désormais à ce qui nous intéresse forcément le plus : la qualité du traitement audio et les capacités offertes par Taip en la matière.
Et bien sans suspense, Taip est une réussite à ce niveau-là. Le plugin offre de nombreuses possibilités, de la saturation et compression la plus douce, aux applications les plus extrêmes. Vous pouvez aussi bien vous en tenir aux réglages Drive et Wet, pour accéder à un résultat satisfaisant en un coup de main. Tout de même, je vous encourage à vous pencher sur les paramètres supplémentaires tels que Presence, Wear, Hi-shape et Lo-shape, pour affiner votre sculpture sonore.
Franchement, Taip ne m’a pas déçu, alors même que je n’ai pas hésité à triturer les réglages dans tous les sens.
Par ailleurs, les presets, fournis par des artistes de renoms, font honneur au plugin. Ils couvrent plusieurs besoins avec brio, allant de la compression d’un bus de batterie, à de la mise en avant d’une piste vocale, en passant par de l’ajout subtil de chaleur pour un 2-track ou de la distorsion totale pour un effet créatif.
Je n’ai donc aucune critique à émettre au niveau de la qualité audio de Taip. Il semblerait là que le pari de Baby Audio soit réussi. L’algorithme d’intelligence artificielle sous-tendant Taip fait mouche. C’est en tout cas mon constat après avoir testé le plugin pendant plusieurs semaines.
Conclusion
J’ai dans mon arsenal d’effets audio plusieurs plugins de saturation à bande. Mais je les utilise vraiment rarement, pour plusieurs raisons. Certains sont trop lourds, d’autres affichent une interface qui ne me fait pas envie. Et souvent, les possibilités offertes en matière de traitement audio ne me séduisent pas réellement.

Taip n’a cependant rien de ce profil peu reluisant. Le plugin est facile d’accès, avec son interface simple et claire. Mais surtout, il permet d’atteindre sans trop d’efforts un résultat plus qu’appréciable. Quelques défauts gâchent la fête, mais ils ne sont pas rédhibitoires.
Au final, si je n’avais qu’un plugin de saturation à bande à vous conseiller, ce serait celui-ci. Son prix est en outre plutôt dans la fourchette basse par rapport à ses concurrents.
Vous pouvez vous le procurer ici pour 69 $, soit un peu moins de 65 €. Taip est disponible en format VST, VST3, AU et AAX, pour Windows et macOS.
Sachez que vous pouvez essayer Taip avec une licence d’essai. Celle-ci désactive le son pendant 5 secondes toutes les minutes. Retrouvez plus d’informations sur le site du développeur.